Ces dernières semaines, le marché du ciment au Mali traverse une crise marquée par une hausse soudaine et brutale des prix. À Bamako comme dans plusieurs capitales régionales, la tonne de ciment, qui oscillait autour de 110 000 FCFA, atteint désormais 140 000 FCFA. Soit une hausse vertigineuse de près de 30 000 FCFA, en l’espace de quelques jours seulement. Une envolée tarifaire qui suscite l’inquiétude générale, tant chez les professionnels du bâtiment que chez les ménages.
Une pression intenable sur les chantiers
Bamada.net-Cette augmentation spectaculaire impacte directement le secteur du BTP, déjà fragilisé par divers facteurs économiques et logistiques. De nombreux entrepreneurs et maîtres d’ouvrage dénoncent une hausse qui menace de paralyser les travaux en cours, voire d’annuler certains projets faute de moyens.
« Avec ce prix, construire devient un luxe. Nous avons dû suspendre certains chantiers, car le budget initial est devenu insuffisant », témoigne un entrepreneur basé à Ségou.
Trois facteurs clés derrière la crise
Selon les premières analyses, trois éléments principaux expliquent cette situation :
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Rareté du clinker : Le clinker, composant essentiel dans la fabrication du ciment, connaît une tension d’approvisionnement due à des contraintes d’importation et des difficultés d’acheminement portuaire. Plusieurs usines locales tournent au ralenti, faute de matière première.
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Perturbations logistiques : Les dernières mesures imposées par les autorités pour réguler le tonnage des camions et sécuriser le transport ont ralenti la chaîne de distribution. Le corridor Dakar-Bamako, tout comme la route de Kayes, connaît des ralentissements majeurs.
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Contrôle insuffisant des prix : Malgré l’annonce par le ministère de l’Industrie et du Commerce de brigades de surveillance des prix, les hausses spéculatives se multiplient sur les marchés, particulièrement dans les zones non couvertes par les contrôles.
Des engagements non encore traduits en actes
Le 31 juillet 2025, le ministre de l’Industrie et du Commerce avait réuni les acteurs de la filière pour discuter des mesures à prendre. Trois engagements majeurs avaient alors été arrêtés : sécuriser l’approvisionnement en clinker, fluidifier la logistique et renforcer les contrôles sur les prix. Une échéance au 25 août 2025 avait été fixée pour faire le point sur la mise en œuvre de ces mesures.
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Mais à mi-chemin de cette date, les consommateurs constatent que la situation empire.
« On nous avait promis une solution rapide. Aujourd’hui, non seulement les prix ont augmenté, mais le ciment devient introuvable dans certains quartiers », déplore un commerçant de matériaux à Kalaban-Coro.
Une urgence sociale et économique
Au-delà de la question économique, cette crise interpelle sur les conséquences sociales qu’elle pourrait engendrer. Le secteur de la construction est l’un des pourvoyeurs majeurs d’emplois au Mali. Une flambée incontrôlée des prix du ciment pourrait entraîner des pertes massives d’emplois, notamment chez les ouvriers journaliers.
Face à cette situation, la société civile et plusieurs acteurs du secteur privé appellent les autorités de la transition à accélérer les actions concrètes pour freiner l’escalade des prix et garantir un approvisionnement stable et équitable.
Le regard tourné vers le 25 août
Les Maliens attendent désormais des actes forts à l’approche de la date du 25 août, retenue comme échéance par les autorités. Il en va de la survie d’un secteur clé pour le développement et de la préservation du pouvoir d’achat des citoyens.
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Fatoumata Bintou Y
Source: Bamada.net
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