Malgré un objectif ambitieux de production pour 2025-2026, la filière cotonnière est minée par des retards de paiements, des livraisons d’intrants insuffisantes et une nouvelle invasion de jassides. À quelques semaines des premières récoltes, les producteurs redoutent une nouvelle chute des rendements.
En ce mois de juillet 2025, la campagne cotonnière affiche un contraste saisissant entre les ambitions de l’État et les réalités des champs. Alors que le gouvernement a fixé un objectif de 682 000 tonnes de coton-graine, sur 672 000 hectares emblavés (+7,8% par rapport à la saison précédente), les difficultés s’accumulent sur le terrain. Pourtant, ces ambitions placeraient le Mali parmi les tout premiers producteurs africains, derrière le Bénin mais devant le Burkina Faso, consolidant son rôle stratégique dans la sous-région. Elles s’appuyaient sur une relance progressive de la production après la baisse de 17% enregistrée en 2024-2025, où seuls 569 300 tonnes ont été récoltées, contre 690 000 tonnes un an plus tôt.
La menace la plus immédiate est celle des jassides (Amrasca biguttula), déjà signalés début juillet dans la zone de Kadiolo. Ce ravageur, connu pour détruire le feuillage et freiner la croissance des plants, fait craindre aux producteurs une baisse significative des rendements, comme en 2021-2022. Leur présence a été confirmée dans les zones de Kadiolo et Yorosso, où l’espèce avait déjà provoqué d’importants dégâts lors d’épisodes antérieurs.
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En parallèle, les retards de paiement continuent de peser. Au 24 juin 2025, la CMDT avait réglé seulement 63,4% des montants dus aux producteurs, soit plus de 36% d’arriérés encore en attente. Un décaissement de 23 milliards de francs CFA, effectué en fin de mois, visait à accélérer les paiements.
Des mesures pour la relance
Les intrants, indispensables à la bonne santé des cultures, connaissent également de sérieux retards. Fin juin, seulement 43% des engrais complexes et 39% des autres intrants avaient été distribués. Les organisations paysannes rappellent que ces livraisons auraient dû être finalisées dès avril pour garantir leur efficacité.
Pour apaiser la colère des exploitants et compenser partiellement les pertes attendues, le ministère de l’Agriculture a annoncé une annulation ciblée des crédits d’intrants pour les producteurs les plus touchés par les jassides. Cette mesure ne compense toutefois ni les pertes déjà observées sur le terrain, ni l’incertitude persistante dans les campagnes.
Sans réponses rapides sur les paiements, la lutte contre les ravageurs et les intrants, l’objectif 2025-2026 pourrait bien rester hors d’atteinte. La filière, qui emploie directement et indirectement près de quatre millions de personnes, représente plus de 15% des recettes d’exportation du pays, ce qui en fait un pilier vital pour l’économie nationale.
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