L’ancien Premier ministre du Mali, Moussa Mara, également ancien maire et député, expert-comptable de profession, a réagi ce vendredi sur sa page Facebook officielle au sujet de la récente opération de levée de fonds opérée par l’État malien. Le gouvernement, à travers les marchés financiers, a mobilisé la somme impressionnante de 38,5 milliards de francs CFA au cours de cette semaine. Mais loin de se réjouir, Moussa Mara s’inquiète des conséquences à court et moyen termes de cette politique d’endettement répétitif.
Une opération aux lourdes implications financières
Bamada.net-Dans son analyse partagée publiquement, Moussa Mara souligne que près de 75 % du montant levé, soit environ 29 milliards de FCFA, devront être remboursés dès l’année prochaine. Ce remboursement imminent fait peser une pression considérable sur les finances publiques du Mali, qui peinent déjà à faire face aux engagements structurels.
L’ancien Premier ministre insiste également sur le coût élevé de l’opération, notamment à travers les taux d’intérêt jugés « substantiels », qui risquent de rendre l’emprunt encore plus lourd à supporter. Selon lui, cette démarche contraindra l’État malien à s’endetter davantage pour honorer ses dettes actuelles, créant ainsi un cercle vicieux de surendettement.
Un signal d’alerte sur la soutenabilité de la dette
« Autrement dit, au rythme où vont les choses, nous serons condamnés à poursuivre dans cette voie avec des charges de plus en plus importantes et chaque année une somme encore plus importante à chercher pour couvrir nos besoins », a-t-il écrit.
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Dans une comparaison troublante, Mara rappelle que le Mali consacre déjà plus de ressources au remboursement de sa dette publique qu’au paiement des salaires des fonctionnaires, un fait révélateur du déséquilibre croissant dans la gestion des finances publiques. Il s’interroge avec gravité : « Jusqu’à quand cela sera supportable pour nos finances publiques ? »
Une recommandation pour une approche concertée
En bon technicien et observateur averti, Moussa Mara ne se contente pas de diagnostiquer ; il propose une piste de réflexion. Il exhorte les autorités à ouvrir une réflexion stratégique sur l’endettement et ses conséquences, en collaboration avec les autres pays de l’UEMOA (Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine) et la communauté financière internationale.
L’objectif : éviter le « mur de l’endettement insupportable » et définir une stratégie durable de financement du développement qui ne compromet pas la souveraineté budgétaire du pays ni l’équilibre macroéconomique à long terme.
Une prise de parole salutaire dans un contexte sensible
La déclaration de Moussa Mara intervient dans un contexte où le Mali, confronté à de nombreux défis sécuritaires, sociaux et économiques, tente tant bien que mal de relancer son économie. Le recours régulier aux marchés financiers est devenu une stratégie incontournable pour combler les déficits budgétaires, financer les investissements ou encore maintenir l’appareil administratif.
Mais cette stratégie, si elle n’est pas accompagnée d’une réforme en profondeur des dépenses publiques, d’un assainissement budgétaire rigoureux et d’une relance efficace des recettes internes, pourrait conduire le pays vers une impasse financière.
La sortie médiatique de Moussa Mara, relayée par plusieurs observateurs économiques, pose donc la question de fond : le Mali est-il en train de vivre à crédit à un rythme devenu insoutenable ?
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Ladji Djiga Sidibé
Source: Bamada.net
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