« Circuler, c’est souffrir », Cette maxime résume bien l’état des routes interurbaines au Mali. De l’Ouest à l’Est, du Centre au Nord, les grands axes routiers sont en ruine. Nids-de-poule béants, tronçons totalement effondrés, goudrons inexistants ou rongés par les intempéries, camions et remorques en panne, embouteillages au beau milieu du désert… Le calvaire est sans fin pour les usagers. Et, l’on est tenté de croire que le Mali n’a plus de Ministère des Transports.
La route de Kayes-Bamako : 612 kilomètres d’enfer. Sur cet axe censé relier la capitale à la première région, la route se transforme par endroits en piste de rallye. Les chauffeurs de car n’en peuvent plus : « Il faut des jours pour faire Bamako-Kayes, quand tout va bien. Et encore, au prix de multiples crevaisons et des cas d’accident ».
Kayes-Yélimané : Un voyage au bout du désespoir
Ce tronçon secondaire mais essentiel est un gouffre à camions et à carcasses. Il isole davantage la zone frontalière avec la Mauritanie. A chaque hivernage, la route disparaît sous la boue. Le transport des marchandises y devient une opération de sauvetage, non de logistique.
San-Mopti : Une route qui s’efface
Autrefois fluide, l’axe San-Mopti est désormais un chantier à ciel ouvert… sans chantier. Les véhicules s’y croisent difficilement, les taxis-brousse y perdent amortisseurs et essieux, et les populations locales se retrouvent coupées du centre du pays. Les marchés s’en trouvent perturbés, les prix augmentent, et les déplacements pour raisons sanitaires ou administratives deviennent périlleux.
Mopti-Gao : Ligne de fracture nationale
Dans cette région déjà en proie à l’insécurité, les routes en ruine sont la double peine des populations. En plus du climat sécuritaire tendu, les longues heures de trajet imposées par l’état lamentable de la route rendent tout effort de développement quasi impossible. Gao, ville stratégique, reste enclavée.
Route Kita Kénieba : La référence, devenue un trajet à haut risque
A l’instar des autres routes, cette route jadis une référence, est devenue subitement un trajet à haut risque à cause des multiples cas d’accidents. Difficile, voir impossible pour les gros camions et très souvent pour les petites voitures de l’emprunter sans se retrouver dans des ravins à cause de l’état désastreux de la route.
Ministère des Transports : Silence radio et inaction
Face à ce désastre, la réaction du ministère des Transports et des Infrastructures dirigé par Madina Sissoko est d’un mutisme accablant. Aucune politique sérieuse d’entretien, aucun calendrier clair de réhabilitation, aucun budget mobilisé. Pis, les appels des élus locaux, des transporteurs et des citoyens restent lettre morte.
Les conséquences sont lourdes : ralentissement de l’économie, hausse du coût du transport, insécurité routière, isolement des régions, méfiance envers les institutions. La route, colonne vertébrale du pays, est brisée. Et avec elle, la promesse d’un Mali interconnecté. Quel dommage !
Mme le ministre des Transports, il faut entretenir, réparer, désenclaver, planifier. Au rythme auquel travaille le ministère des Transports, c’est avec sans hésitation qu’on lui colle une note de zéro pointé.
Mohamed Keita
Source : Arc en Ciel
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