Le gouvernement de la transition a lancé, ce lundi 28 juillet 2025, un nouvel emprunt obligataire par appel public à l’épargne sur le marché financier régional de l’UEMOA. Objectif : mobiliser jusqu’à 100 milliards de francs CFA d’ici au 8 août 2025 pour soutenir le financement de projets d’infrastructures inscrits au budget national.
Au Mali, la direction générale du trésor et de la comptabilité publique a décidé de lancer une nouvelle offensive sur le marché financier de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) à travers une opération, dénommée « Appel Public à l’Epargne » (APE).
Cette opération consistera à mobiliser une bagatelle de 100 milliards de FCFA (environ 176 millions de dollars) auprès des investisseurs régionaux. Cette opération a été lancée le lundi 28 juillet 2025.
L’opération est structurée en deux tranches : une première de 70 milliards de FCFA sur sept ans, assortie d’un taux d’intérêt de 6,55 %, et une seconde de 30 milliards sur cinq ans, à 6,35 %.
Ce qui veut dire que seuls les intérêts seront versés au cours des premières années, permettant à l’État de soulager temporairement sa trésorerie.
La Société de gestion et d’intermédiation du Mali (SGI Mali) supervise cette levée de fonds, dans le respect des normes du marché régional.
Cette émission s’inscrit dans la continuité d’une courbe de rendement déjà balisée sur le segment syndication.
Déjà, en juillet, l’État malien avait levé 38,5 milliards de FCFA via des émissions similaires.
Mais cette stratégie d’endettement suscite des interrogations.
Toutefois, ce taux élevé illustre la tension sur le court terme, en contraste avec la relative stabilité des longues obligations.
Dans ce contexte, le recours au marché régional apparaît comme un levier central pour contenir les déséquilibres budgétaires. Le déficit public, attendu à 3,4 % du PIB en 2025, devrait en effet se creuser sous l’effet de dépenses exceptionnelles liées aux inondations, selon les dernières projections du FMI.
L’ancien Premier ministre Moussa MARA a notamment exprimé ses inquiétudes face à ce qu’il qualifie de « spirale dangereuse ». Il alerte sur le fait qu’environ 29 milliards, soit 75 % des montants levés ce mois, devront être remboursés dès 2026, exerçant une pression directe sur les finances publiques.
Selon ses estimations, les charges de la dette publique pèsent désormais plus lourd que les dépenses liées aux salaires des fonctionnaires.
Contrairement aux Bons du Trésor à court terme généralement utilisés, cette émission repose sur des maturités plus longues, signe d’un besoin accru en ressources stables.
Toutefois, la hausse des taux d’intérêt dans la sous-région, combinée à la contrainte budgétaire interne, soulève des doutes sur la soutenabilité de cette stratégie.
Dans un climat régional encore marqué par des tensions diplomatiques, des sanctions économiques résiduelles et une réduction significative des financements extérieurs, cette opération financière est suivie avec attention par les investisseurs.
Son issue, succès ou échec, pourrait avoir un effet déterminant sur la perception de la solvabilité de l’État malien.
Pour rappel, le Mali, dans un contexte où le niveau d’endettement reste contenu (52,6 % du PIB en 2024).
La dette publique totale du Mali dépasse aujourd’hui les 6 800 milliards de FCFA, dont une majorité en dette intérieure.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : Info Matin
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