Faut-il prendre cette menace au sérieux?
Roger Housen: “Je vois cela comme une stratégie de Washington visant à pousser l’Ukraine et la Russie à entamer de véritables négociations. Un moyen de faire monter la pression. Si Moscou et Kiev ne montrent pas davantage de bonne volonté dans les semaines à venir, Trump pourrait déclarer qu’il n’est plus concerné.”
Donald Trump prétendait pouvoir mettre fin à la guerre en 24 heures. Bientôt, cela fera 24 semaines qu’il a réintégré la Maison-Blanche…
“Pour lui, c’est essentiel de tenir cette promesse de campagne. Les 24 heures promises initialement ont été quelque peu réévaluées. Le 30 avril, cela fera 100 jours qu’il a prêté serment. Supposons qu’il parvienne d’ici là à imposer un cessez-le-feu, Trump pourrait alors dire: ‘Je suis en fonction depuis moins de 100 jours et j’ai pu stopper cette guerre.’ Un cessez-le-feu le placerait automatiquement sur la liste des candidats au prix Nobel de la paix — ce qui flatterait son ego. Il pourrait ainsi se présenter à sa base électorale, mais aussi au reste du monde, comme un leader fort qui tient ses promesses.”
“Dans le même temps, il montrerait que les États-Unis sont indispensables au processus de paix. Cela dit, il ne cherche pas un accord de paix durable. Ce qui l’intéresse, ce sont les avantages économiques qu’il pourrait en tirer: il veut rétablir les relations commerciales avec Moscou et profiter des ressources rares que l’on peut extraire du sous-sol ukrainien.”
L’accord controversé sur les minerais sera-t-il réellement signé la semaine prochaine?
“La vice-présidente ukrainienne, Svyrydenko, a déjà signé à Washington un mémorandum d’intention en vue d’un accord économique. Elle est la bras droit de Zelensky. Il n’aurait jamais donné son accord si ce qui est sur la table lui avait été inacceptable. Nous ne connaissons pas encore les détails, mais certaines clauses auraient été rendues plus acceptables pour les Ukrainiens au cours des négociations techniques. Ils auraient reçu davantage de garanties selon lesquelles les revenus tirés de l’exploitation de leurs ressources naturelles seraient versés dans un fonds destiné à la reconstruction du pays.Les États-Unis veulent obtenir ces ressources précieuses en compensation des 120 milliards de dollars d’aide militaire qu’ils ont fournie à l’Ukraine au cours des trois dernières années. Trump, lui, parle de plus de 300 milliards, car il inclut aussi les pertes économiques liées à la guerre. Mais ces derniers jours, les Américains auraient revu à la baisse le montant à compenser.”
“Le clash entre Trump et Zelensky en février ne portait d’ailleurs pas sur l’accord sur les ressources en lui-même, mais sur les garanties de sécurité exigées par l’Ukraine. Entre-temps, Kiev a publié en ligne le mémorandum d’intention. Le fonds d’investissement pour la reconstruction fait partie d’un partenariat économique avec les États-Unis. La semaine prochaine, le Premier ministre ukrainien, Shmyhal, se rendra à Washington pour poursuivre les discussions avec la secrétaire américaine au Trésor, Bessent. D’ici au samedi 26 avril 2025, ils devront présenter un rapport sur l’avancement des négociations et finaliser l’accord autour de cette date.”
Une source européenne anonyme a révélé vendredi que les Américains disposaient d’ un plan de paix qui inclurait un assouplissement des sanctions contre la Russie. L’Occident devrait lever ces mesures punitives si les hostilités cessent pendant une période prolongée. Le plan américain ne prévoirait pas le retrait des troupes russes d’Ukraine, mais plutôt un “gel” de la ligne de front. L’envoyé de paix de Trump, Keith Kellogg, a déjà plaidé plusieurs fois en faveur de cette approche.
Cela offre une autre perspective sur la menace de se retirer des négociations de paix si aucune percée n’intervient dans les prochains jours. Trump cherche-t-il ainsi à faire pression sur l’Europe?
“Si cela est exact, les États-Unis sont bel et bien en train d’acculer leurs alliés européens. Cela s’inscrit totalement dans la stratégie de Trump, qui veut désormais aller vite et faire taire les armes au plus vite. S’il veut obtenir la coopération de Moscou, il doit pousser les pays européens à évoluer vers une autre position. Comme je l’ai déjà évoqué, l’accès au marché russe est une motivation essentielle pour Trump dans ces négociations. Et il a déjà obtenu l’assurance que des entreprises comme Microsoft seraient à nouveau les bienvenues en Russie.”
……..7sur7
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