Emmanuel Macron a officiellement suspendu l’accord de 2013 exemptant les détenteurs de passeports diplomatiques et officiels algériens de visa, invoquant un climat de défiance croissante entre Paris et Alger, marqué par des tensions migratoires, diplomatiques et judiciaires.Â
Une nouvelle étape vient d’être franchie dans les relations franco-algériennes. Dans une lettre adressée à son Premier ministre François Bayrou, le président Emmanuel Macron a acté la suspension formelle de l’accord bilatéral de 2013 permettant aux titulaires de passeports diplomatiques et de service algériens d’entrer en France sans visa. Cette décision intervient dans un contexte de détérioration profonde des relations entre les deux pays, marqué par des différends migratoires, des expulsions réciproques de fonctionnaires et des affaires judiciaires sensibles.
Le chef de l’État français justifie ce durcissement par plusieurs griefs, au premier rang desquels figurent l’incarcération en Algérie de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal et du journaliste français Christophe Gleizes, respectivement condamnés à cinq et sept ans de prison. Macron évoque également la suspension par Alger de la coopération consulaire de ses 18 représentations diplomatiques en France, ainsi que le refus persistant des autorités algériennes de délivrer des laissez-passer consulaires nécessaires à la réadmission de leurs ressortissants en situation irrégulière.
Le président français entend ainsi faire usage des outils juridiques créés par la loi immigration de 2024, notamment le « levier visa-réadmission », qui autorise la France à refuser des visas aux détenteurs de passeports diplomatiques ou de service si la coopération migratoire est jugée défaillante. Il demande également à ses ministres de renforcer les expulsions ciblées d’Algériens en situation irrégulière.
Par cette série de mesures, Paris entend faire pression sur Alger pour rétablir une coopération migratoire fonctionnelle et réciproque. Macron conditionne aussi la pleine reprise des activités consulaires algériennes à un retour à cette coopération, gelée depuis plusieurs mois. Sur le plan diplomatique, le président français n’exclut pas d’aborder prochainement d’autres dossiers bilatéraux épineux, tels que les dettes hospitalières, les activités des services algériens en France, ou encore les tensions mémorielles.
En durcissant le ton, Emmanuel Macron tente de réaffirmer l’autorité de l’État face à un partenaire qu’il accuse de multiplier les actes de défiance. Cette suspension marque une rupture symbolique et opérationnelle dans un accord censé incarner la fluidité des échanges entre deux pays liés par une histoire complexe et des millions de citoyens binationaux.
Source : apanews.net
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