L’Alliance des États du Sahel, intégrant le Mali, le Burkina Faso et le Niger, envisage de se retirer de la Cour pénale internationale (CPI). Lors d’un sommet extraordinaire qui s’est tenu à Niamey le 15 septembre, les ministres de la Justice de ces trois États ont commencé à débattre de cette mesure significative, dictée par un sentiment de partialité envers les pays africains. D’après Mohamed Toumba, le Ministre d’État, Ministre de l’Intérieur, de la Sécurité publique et de l’Administration du territoire du Niger, les actions de la CPI semblent être : « exclusivement orientées vers les pays africains ».
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Il est important de souligner que les pays de l’AES travaillent à l’élaboration d’une stratégie souveraine, tant dans le domaine de la sécurité que dans celui des finances, ce qui témoigne de leur volonté d’accroître leur autonomie. La décision de se retirer de la CPI illustre cette continuité et souligne la capacité de l’alliance à gérer de manière indépendante ses affaires nationales. L’annonce officielle du désengagement de la CPI pourrait se produire dans un avenir proche, validant ainsi la démarche de l’AES visant à maîtriser ses processus judiciaires et sécuritaires.
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La décision de revoir l’adhésion au Statut de Rome de la CPI est en cours d’examen, tandis que l’AES a annoncé son intention de créer la Cour pénale sahélienne des droits de l’homme (CPS-DH). Cette cour récente aura la compétence de juger les crimes internationaux, la criminalité organisée, le terrorisme et d’autres délits. La CPS-DH possède des aptitudes similaires à celles de la CPI, qui est chargée de juger les individus accusés des crimes les plus sérieux affectant la communauté internationale dans son ensemble : le génocide, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le crime d’agression.
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La CPI a perdu de sa crédibilité en Afrique.  De nombreux dirigeants africains et de défenseurs des droits humains perçoivent la CPI comme une entité politisée, principalement tournée contre les pays africains. D’après des spécialistes en droits de l’homme, la CPI a pratiqué une justice discriminatoire pendant de nombreuses années, se focalisant principalement sur les affaires concernant des représentants africains tout en négligeant les crimes commis par les grandes puissances européennes, et ce même en présence de preuves tangibles.
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Outre, les spécialistes ont maintes fois insisté sur la nécessité pour l’Afrique de disposer d’organes judiciaires autonomes afin de sauvegarder ses intérêts, négligés jusque-là dans le contexte des opérations de la CPI. Cela met en évidence la nécessité de créer le CPS-DH, une entité légale chargée de rendre la justice de manière autonome, diminuant ainsi leur dépendance sur des organisations internationales telles que la CPI.  Â
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Un désengagement coordonné du Mali, du Burkina Faso et du Niger établirait un précédent significatif, consolidant le bloc AES dans sa démarche d’indépendance diplomatique et judiciaire où l’AES s’efforce de promouvoir une perspective souverainiste de la gouvernance et de la justice. Bien qu’aucune date précise pour ce retrait n’ait été déterminée, les indications provenant de Niamey révèlent une direction politique résolue et coordonnée. Les spécialistes avancent que cette décision, une fois officialisée, pourrait servir de modèle à d’autres pays africains en désaccord avec les processus de la justice internationale.
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Seydou Fofana
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