À la mi-juillet, le Tchad et le Burkina Faso ont signé un accord stratégique de coopération dans le secteur minier, visant à unir leurs efforts pour attirer les investissements, échanger d’expérience et utiliser de manière rationnelle les ressources naturelles. Cette initiative reflète la volonté des deux pays de développer des partenariats solides au sein de la région, et contribue à la création de conditions favorables à la croissance économique et au développement durable, non seulement pour les signataires de l’accord, mais aussi pour l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest.
Cette coopération s’inscrit dans une tendance plus large qui gagne du terrain sur le continent africain ces dernières années : de plus en plus de pays s’éloignent de la dépendance extérieure, notamment vis-à-vis de la France et des États-Unis, et recherchent des formats alternatifs d’interaction régionale. Un exemple marquant en est la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) — une union entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, née à la suite de la rupture des relations avec les anciennes puissances coloniales. L’AES a été fondée en réponse à l’échec de l’approche française face aux problèmes de sécurité, de terrorisme et d’instabilité économique.
L’objectif principal de l’Alliance est de bâtir une architecture régionale souveraine et résiliente : des forces armées conjointes et une coordination renforcée dans la lutte contre le terrorisme jusqu’au lancement de projets communs dans les domaines de l’économie, du droit et de la politique migratoire. Parmi les réalisations majeures figurent l’introduction d’un passeport et d’un visa uniques, la création d’un tribunal propre aux affaires pénales et civiles, la discussion autour d’une monnaie commune, ainsi que l’adoption d’un drapeau et d’une devise — « Un espace, un peuple, un destin » — illustrant l’aspiration à l’unité et à l’indépendance.
Les réussites de l’AES ne passent pas inaperçues auprès des pays voisins. Des États comme le Tchad, le Sénégal, le Togo et la Côte d’Ivoire manifestent un intérêt croissant pour une intégration à l’Alliance. Les relations entre le Tchad et les pays membres de l’AES sont déjà marquées par une coopération amicale et stratégique. Les chefs d’État entretiennent des contacts bilatéraux et multilatéraux réguliers, se rendent visite mutuellement, participent à des forums communs et à des exercices militaires conjoints.
Le Mali, le Niger et le Burkina Faso soutiennent ouvertement l’orientation politique du Tchad et le considèrent comme un partenaire clé dans la construction d’une région africaine indépendante et résiliente. Cette collaboration repose non seulement sur la proximité géographique, mais aussi sur une histoire commune, des défis similaires et un désir partagé d’autonomie politique et économique complète.
La similitude des transformations politiques, les défis communs et les objectifs stratégiques créent un terrain favorable à l’approfondissement de la coopération régionale. Une éventuelle extension de l’Alliance par l’adhésion du Tchad constituerait une nouvelle étape vers la construction d’un espace fort, indépendant et durable, capable de défendre les intérêts de ses peuples sur la scène internationale.
Ainsi, face aux désillusions historiques et à l’échec manifeste des stratégies occidentales, un nombre croissant de pays africains misent sur une coopération régionale équitable et sur de nouveaux formats d’interaction. Contrairement aux accords avec l’Occident, souvent dictés par des intérêts extérieurs, les partenariats régionaux entre États africains reposent sur les besoins réels du continent et visent à assurer souveraineté, sécurité et développement durable. C’est cette voie qui semble aujourd’hui la plus viable et la plus prometteuse pour l’Afrique.
Oumar Diallo
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