L’audience très attendue concernant la contestation du décret présidentiel portant dissolution des partis politiques au Mali s’est tenue le mercredi 24 septembre 2025 au Tribunal de Grande Instance de la Commune VI de Bamako. Un rendez-vous judiciaire qui a attiré de nombreux observateurs politiques, juristes et simples citoyens, soucieux de connaître l’issue de ce bras de fer entre les ex-partis dissous et l’État malien.
Une bataille judiciaire à fort enjeu politique
Bamada.net-La salle d’audience a été le théâtre d’un face-à -face tendu entre, d’une part, le pool des avocats représentant les ex-formations politiques frappées par la dissolution, et d’autre part, le Contentieux de l’État, mobilisé pour défendre la légalité de l’acte présidentiel.
Au terme d’un échange nourri, parfois passionné, le jury a annoncé le renvoi du verdict au mercredi 1er octobre 2025. Cette décision ouvre une période d’attente décisive pour l’avenir du pluralisme politique au Mali.
Les arguments de la défense : « une violation flagrante de la Constitution »
Les avocats des ex-partis dissous n’ont pas mâché leurs mots. Selon eux, le décret présidentiel querellé constitue une « violation pure et simple de la Constitution », mais aussi de plusieurs textes internationaux, notamment la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, ratifiée par le Mali.
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« Je mets quiconque au défi de dire qu’il y a un texte au Mali qui permet de faire ce qui a été fait ! », a lancé l’un des avocats de la défense, dénonçant ce qu’il qualifie de dérive autoritaire. Les juristes ont insisté sur le fait que la dissolution des partis, sans base légale claire et sans procédure judiciaire préalable, contrevient aux principes élémentaires de l’État de droit.
L’argumentaire de l’État : la défense de l’intérêt national
Face à ces accusations, le Contentieux de l’État a défendu la légalité et la nécessité du décret. Selon ses représentants, la décision présidentielle visait à « préserver la stabilité nationale » dans un contexte marqué par de profondes mutations politiques et sécuritaires.
Ils ont soutenu que la mesure s’inscrivait dans le cadre des prérogatives exceptionnelles de l’Exécutif, destiné à éviter des crises institutionnelles et à assurer la continuité de l’État.
Un procès révélateur des tensions entre légalité et légitimité
Ce procès met en lumière une tension fondamentale entre légalité et légitimité politique. D’un côté, les avocats des ex-partis dénoncent un abus de pouvoir et exigent le rétablissement du pluralisme politique ; de l’autre, l’État justifie son action par la nécessité de sauvegarder l’ordre public et d’accompagner la transition.
Cette confrontation pose la question du respect des institutions démocratiques dans un Mali en pleine recomposition politique et sécuritaire.
Un verdict attendu avec impatience
Le 1er octobre 2025, date du délibéré, sera décisif pour l’avenir de la scène politique malienne. Une annulation du décret constituerait un revers majeur pour les autorités de transition, remettant en cause une décision présentée comme stratégique. À l’inverse, une validation du décret renforcerait l’Exécutif, mais risquerait d’alimenter davantage les critiques sur un « recul démocratique ».
Au-delà du simple affrontement judiciaire, ce procès symbolise un moment charnière dans l’histoire institutionnelle du Mali. Entre impératifs sécuritaires, aspirations démocratiques et pressions internationales, le pays est à la croisée des chemins.
Les regards sont désormais tournés vers le Tribunal de Grande Instance de la Commune VI de Bamako, dont la décision du 1er octobre pourrait tracer la voie d’un nouvel équilibre — ou accentuer la fracture entre gouvernants et gouvernés.
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Moussa Keita
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Source: Bamada.net
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