Pendant que d’autres régions d’Afrique cherchent encore à réinventer des mécanismes d’intégration, le Sahel, lui, avance à pas sûrs. Loin des discours théoriques, les dirigeants de l’Alliance des États du Sahel (AES) – Mali, Burkina Faso et Niger – ont pris la mesure des urgences du moment. Et l’une des plus grandes : se doter d’un outil financier indépendant, efficace, façonné par les réalités sahéliennes. C’est donc dans cette optique qu’une réunion technique d’envergure s’est ouverte à Niamey cette semaine, posant les premières pierres de ce qui pourrait devenir l’un des piliers de la souveraineté économique de la région : la Banque Confédérale pour l’Investissement et le Développement (BCID-AES).
La finance au service de la souveraineté
Bamada.net-L’événement, certes discret, revêt une portée hautement stratégique. Pendant plusieurs jours, des experts venus de Bamako, Ouagadougou et Niamey examinent minutieusement les fondements juridiques, techniques et opérationnels de la future banque. Leur mission : rédiger les documents nécessaires à sa création et tracer la route vers sa mise en œuvre d’ici fin 2025.
Ce travail en coulisses n’est pas anodin. Il reflète une volonté politique affirmée : celle de ne plus dépendre de bailleurs capricieux ni de modèles économiques extérieurs inadaptés. La BCID-AES s’annonce comme le bras financier d’un projet sahélien de rupture, bâti sur la solidarité régionale et la mobilisation des ressources internes.
Une rupture assumée avec l’ancien ordre régional
Cette démarche n’est pas sortie du néant. Elle s’inscrit dans une séquence historique amorcée depuis la sortie collective de la CEDEAO par les trois pays membres de l’AES, lassés de décisions unilatérales et de sanctions perçues comme injustes.
Depuis la signature du traité de la Confédération le 6 juillet 2024 à Niamey, les choses s’accélèrent. Coopération militaire, diplomatie commune, coordination stratégique : les chantiers se multiplient. Mais dans cet édifice, l’autonomie économique est la clef de voûte. Car sans moyens propres, aucune vision ne peut survivre au choc du réel.
Les trois figures d’un projet collectif
Ce tournant est porté par trois figures qui, chacune à leur manière, incarnent l’esprit de résistance et d’audace du Sahel contemporain. Au Mali, le Général Assimi Goïta, réputé pour son attachement à la souveraineté nationale, imprime une ligne ferme mais structurée. Au Burkina Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré, avec sa jeunesse et son charisme, galvanise les espoirs d’un peuple debout. Et au Niger, le Général Abdourahamane Tiani, méthodique et déterminé, apporte la rigueur nécessaire à la consolidation des institutions.
À Lire Aussi : AES : Le bon bilan du soldat Assimi
À Lire Aussi : Niger : des experts de l’AES se penchent sur une éventuelle banque confédérale pour l’investissement et le développement
Leur point commun ? Une même ambition : rendre aux peuples sahéliens leur pouvoir de décider, de produire et d’investir en fonction de leurs propres priorités.
Un horizon déjà en construction
Le processus n’en est pas à ses balbutiements. Déjà, lors d’une précédente rencontre à Bamako en mai 2025, les ministres des Finances de l’AES avaient validé le projet de texte fondateur de la BCID-AES ainsi qu’une feuille de route réaliste. À Niamey, les experts poursuivent cette dynamique : validation des manuels de procédures, structuration du système d’information, élaboration de la stratégie 2026-2030… chaque détail compte.
Dans quelques jours, une réunion ministérielle viendra parachever ces travaux. L’objectif est clair : faire en sorte que la banque soit opérationnelle avant le 31 décembre 2025. Autrement dit, transformer une vision en institution, un rêve en levier concret de transformation économique.
La fin de l’assistanat, le début de la construction
Loin des projecteurs internationaux, une révolution silencieuse est en marche au Sahel. Celle d’une génération de décideurs qui refuse l’assistanat et choisit la voie, certes exigeante, de l’autodétermination. La BCID-AES ne sera pas une simple banque de plus. Elle est appelée à devenir le cœur financier d’un espace qui veut rompre avec la dépendance et assumer son destin.
À Niamey, ce n’est pas seulement une réunion d’experts qui se tient. C’est une déclaration d’indépendance économique qui s’écrit, discrètement mais sûrement. Et cette fois, par des Africains, pour les Africains.
NB : Toute reproduction, intégrale ou partielle, sans une autorisation explicite de notre part est strictement interdite. Cette action constitue une violation de nos droits d’auteur, et nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour faire respecter ces droits.
Ichiaka Minta
Source: Bamada.net
Lire l’article original ici.